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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 21:19

 

juste-derriere.jpg

 

Je le vois, là, juste derrière. Il me fait signe, je lui souris. Il est timide et moi aussi.

Je tends la main, la retire brusquement et la porte à ma bouche.

Une trainée de sang suinte le long de mes doigts. Elle réfléchit un moment et se jette.

Une chute silencieuse, courte, décidée.

Une flaque rougeâtre apparaît au sol : une peinture, une inspiration.

Je secoue la main, elle me lance.

L’hémoglobine afflux. De grosses perles coulent rapidement. Un torrent se crée, mon intérieur qui s’échappe. Je ne le retiens plus.

Je veux franchir avant qu’il ne soit trop tard.

Je recule de quelques pas, prends le temps d’évaluer. Au-dessus, je dois pouvoir passer.

Je cours, m’élance tête en avant !

La douleur me tranche, parcours mon corps et se répand dans mes tripes.

La tête me pique, mes yeux se brouillent et me voilà acculé.

Chaque mouvement est terrifiant. Chaque mouvement fait gicler la couleur et embellit la peinture.

Je me fige. Je le vois, là juste derrière. Il me fait signe, je lui souris. Il est timide et moi aussi.

Une goutte me coule sur le visage, le long de mon nez. Elle réfléchit un moment et se jette dans le néant.


 

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 19:55

vent-et-maree-copie.jpg

 

Le vent soufflait, puissant.

Les embruns volaient, insouciant.

Les promeneurs luttaient, tête en avant,

Le sourire affiché et bienveillant.

Les nuages fusaient, Se disloquaient et se rassemblaient.

Ils s’éventraient, lâchant de fortes ondées,

Puis disparaissaient chassé par le Noroît.

Et ce soir,

Alors que le ciel vire au pastel,

Le souffle s’atténue,

L’océan rosé se calme,

Les moutons se font plus rares,

Et la houle bien formée dresse une barrière,

Une barrière naturelle,

Rappelant avec aplomb,

La disparité entre Terre et Mer.


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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 21:26

La-pluie-1.jpg

La pluie tombe sans relâche depuis des jours.

Elle martèle le pont et anéanti le vent.

Enfermé dans l’habitacle et cherchant la lueur du jour,

Les yeux hagards et les mains moites,

Nous consumons notre ennui lentement.

Il paraît qu’après la pluie vient le beau temps,

Il paraît que la roue tourne de temps en temps.

Nous ne croyons plus à ces dires.

Nous savons maintenant que la pluie fera place à l’ouragan,

Nous savons aussi que l’ouragan, lui, nous écrasera sur place,

Depuis le début, nous luttons,

En vain,

Et j’ai le désir aujourd’hui de succomber par ce grain.

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 19:47

Evening.jpg

Le rythme est soutenu, les étraves filent projetant l’eau en bouquets qui s’écrasent et s’éventrent  sur le pont. La mer fume autour, des reflets translucides émergent des déferlantes.

La barre est dure. Le barreur attentif et concentré, tente de garder le contrôle et empêcher le navire de partir au lof, de se mettre au tas.

Le grain approche, une masse sombre, menaçante, décidée. Nous sommes sur sa route. Ses dimensions nous interdisent toute échappatoire.

Il a suffit d’un mot du capitaine. Un mot simple, sobre, prononcé avec fermeté, qui annihila toute contestation. Les équipiers prennent en main les écoutes, se tiennent prêt à l’action. Tous les regards oscillent entre le grain effrayant et l’anémomètre. Les numéros volent en réponse aux violentes rafales, il est trop tard pour une manœuvre…

Debout sur la barre, le barreur abat en grand, il hurle !! Les écoutes doivent filer, elles doivent fumer sur les winches, les safrans ne répondent plus et le navire entame une accélération incontrôlable.

Une détonation violente !! La grand voile tombe avec fracas, le grain gagne et plonge le vaisseau dans l’obscurité. Le vent redouble, le tissu se disloque en battant, en claquant, assourdissant chacun des hommes médusé.

Le nuage continu sa route. Le bateau n’est plus qu’un vulgaire bouchon malmené par une mer déchainée. Une montagne liquide approche, lève à la verticale et broie dans un craquement vicieux le morceau de carbone flottant.

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 10:56

C-est-assez.jpg

Les jours s’étaient écoulés lentement,

L’étrave dans un long mouvement,

Tranchait, écrasait, s’envolait parfois,

Suivait la ligne imaginaire,

Fendait l’eau dans un rire narquois.

Le cétacé surgit dans un souffle humide,

Indifférent, bienveillant

Et lança des regards complices.

Un bruit sourd détona, un sifflement,

Le harpon se planta dans la forme noire et lisse.

L’eau jaillit, l’écume se teinta de rouge,

Des lignes sinistres se dessinèrent,

L’étrave fière, bavait le sang de leur victime.

Les charognards rodèrent et les hommes se félicitèrent.

Eventrée sur le quai, dans une marre sordide,

La baleine combla de joie les villageois.

Un petit râle retentit,

Certains ne pouvaient s’y faire,

Et baignant dans son vomi,

Le jeune pleurait l’étalage de viscères.

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 21:32

Bleu, je suis entouré de bleu. Où que je pose les yeux, je me noie dans différents bleus. Cette couleur m’a envahi il y a quelques mois déjà, alors que la terre rapetissait à l’horizon pour finalement disparaître.

Je regarde le long de la coque, à l’ombre, le bleu est dense, mystérieux, impressionnant. J’imagine quantités de bestiaux régnant sur ces eaux sombres.

Je lève légèrement le regard, le soleil frappe la mer et teinte un bleu déjà plus clair de petites flaques miroitantes. Des nuances de bleus dansent au rythme du clapot, virent au bleu ciel, redeviennent sombres puis éblouissent, effaçant toute trace de couleur.

Une ligne incolore, parfaite, circulaire sépare le bleu océan du bleu ciel. Ce dernier est plus timide, moins affirmé et à mesure que je lève les yeux, le bleu disparaît pour n’être qu’une lumière vive. Mes rétines souffrent. Je baisse le regard, je m’incline face au spectacle grandiose que ces bleus m’offrent.

Je me détourne de l’océan, je pénètre le carré. Les coussins, bleus également, me gênent maintenant. Loin de la terre et sa verdure, je veux voir d’autres couleurs. Je jette les coussins par-dessus bord, il me semble les voir fondre. Quelques minutes à peine, ils s’évanouissent.

Soulagé, je rentre et m’assieds sur le bois dur, renifle l’odeur de ce bois et me laisse aller à rêvasser. J’ère dans une grande forêt vierge dont les branches démesurées cachent le bleu du ciel.

Couleur.jpg 

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 20:25

aube2-copie-2

L’océan s’est aplani

Des nuits, des jours de violence

Le vent qui a faibli

Accorde enfin la somnolence.

Le marin rêveur

Egare ses yeux sur l’horizon

Il attend l’heure

Tremblant un dernier frisson.

L’astre pointe sur une surface plane

Reflète ses couleurs

Reflète son espoir

Dans un jeu de lueur

Et tari le noir.

Le léger clapotis du navire dormant

Sort de la nuit dans un décor réconfortant.
 
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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 21:48

Un jour « avec » s’offrait à moi. Une matinée radieuse s’annonçait. Les toiles d’araignées perlaient de rosé, le soleil faisait briller chaque goutte tenue en suspens. La chaleur, doucement, évaporait cette beauté matinale. Armé de mon appareil photo, je partais, léger, en quête d’image pouvant figer cette journée dans ma mémoire.

Contre toute attente, le terrain que j’avais déjà vu des centaines de fois me pinçait le cœur aujourd’hui. Je pouvais y voir mes enfants jouer, ma maison s’y dresser, je pouvais entendre les verres clinquer, les rires de ma famille et des amis et sentir le fumet des grillades d’été. Cet emplacement venait de devenir mien. Il m’appelait, me faisait signe, me signifiait que j’étais prêt, qu’il n’attendait que moi et qu’il était temps.

Je composais le numéro figurant sur la pancarte accrochée au portail. Très motivé par mon appel, l’agent immobilier se présentait à peine sept minutes plus tard. Nous bavardions un moment, visitions les lieux et comble du comble, j’apposais ma signature au bas du formulaire. J’étais fébrile, tremblant mais conservais mon sourire. Je repassais devant, je ne m’étais pas trompé, ce lieu m’appartenais et pas uniquement sur le papier.

Je rentrais plein d’excitation, chantais la nouvelle à ma famille. Tous connaissaient l’endroit, tous avaient un penchant pour lui. On ouvrait le champagne, nous avions fait le grand pas, c’était jubilatoire !

Quelques mois plus tard se dressait notre maison, fière, bourgeoise, attirant l’œil mais pas trop. Nous étions enchantés. Mon fils s’épanouissait dans sa nouvelle chambre et prenait doucement l’accent versaillais. La vie prenait une nouvelle tournure, un autre sens.

Mais à peine sept jours plus tard, une fissure divisait le mur du séjour en deux. La nuit suivante et avant minuit, le mur s’écroulait, entrainant les trois autres et ensevelissait  tout ce que nous possédions.

Qu’à cela ne tienne, nous allons reconstruire. Sept mois plus tard, une maison très simple, petite et sans prétention se trouvait sur le terrain. Chacun s’y sentait bien dès le premier jour malgré une absence totale de mobilier et d’effets personnels. Nous engloutissions notre premier diner en chantant joyeusement.

Exactement sept jours plus tard, une pluie diluvienne commençait et durait quatorze jours sans relâche ni faiblesse. Nous avions légèrement bâclés la toiture pensant profiter de l’été pour fignoler. L’eau s’infiltrait, grignotait les joints, un petit craquement précédait l’effondrement du toit. On recevait l’équivalent d’une piscine olympique sur la tête. Les quatre murs s’allongeaient immédiatement.

Ce n’est pas grave, la vie continue. On achetait quatre abris de jardin, bricolait l’électricité, assemblait le tout, nous étions de nouveau chez nous, c’était parfait, nul besoin de plus. Le puits dans le jardin suffisait amplement à nos besoins.

Re-sept jours, un glissement de terrain comme, selon les journaux, ils n’en avaient pas vu depuis 1243 avant Jésus-Christ,  fît trembler notre parcelle de terre. Le sol s’ouvrait et s’affalait comme la banquise de nos jours. Nous sortions du trou béant un peu perdus, couvert de poussière et les sens en agitation. Un bref coup d’œil me rassurait, le portail était toujours en place, nous étions encore chez nous.

Quelques tentes furent rapidement installées, quatre pour être précis, avec un tipi au centre en guise de salon. Mon fils passait son temps avec une plume dans les cheveux et un arc dans le dos. Ma femme restait assise en tailleur au coin du feu et déclamait des incantations. Je ne su jamais si celles-ci étaient véridiques ou psychédéliques, toujours est-il que la terre gronda de nouveau. Cependant, elle gronda loin de chez nous sur un continent de l’autre hémisphère. Le tremblement de terre fut d’une telle violence que la terre changeait d’axe. La mer montait soudainement, et les tentes se noyaient, nous laissant tous trois accrochés au poteau électrique de la rue.

J’ai beau être persévérant, je commençais à douter de notre lien particulier avec cet endroit. Toujours agrippé à mon poteau, j’aperçu un bateau à la dérive qui venait à notre rencontre. Quelques brasses et nous étions au sec, sensation fort agréable, nous nous sommes embrassés en riant, tout compte fait, le sort ne s’acharnait pas tant que ça. Après sept minutes de réflexion, nous adoptions le navire comme notre nouvelle demeure. Mon fils se fabriquait une fausse jambe de bois et un cache-œil semblable à celui du capitaine Achab (bien que ce fameux Capitaine ne portait pas de cache-œil, mais il ne voulait rien savoir) et ne parlait plus que de baleine blanche, de sirènes, et autres êtres tous plus improbables les uns que les autres. Ma femme passait des heures en tête de mât, la main en visière sur le front, scrutant l’horizon, cherchant matière pour un acte de piraterie.

Nous ne croiserions plus jamais un bateau et ne découvririons jamais de terre ni de trésor.

Nous sommes toujours à la dérive tournant le long de l’équateur, je suppose… Aussi, si vous trouvez ce message, sachez que son contenant était ma dernière bouteille de whisky. Alors, s’il vous plaît, n’hésitez pas à vous mettre en route, les pirates que nous sommes devenus ont besoin d’une attaque pour continuer à faire face, le sourire aux lèvres,  aux aléas de la vie.

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 10:35

Impressions.jpg

La monotonie règne

Les coques glissent

Nuit et Jour s’enchainent

Et le vent persiste

 

Dominé par la concentration

Egaré dans un univers de sons

Chacun devenant familier

Chacun maintenant aux aguets

 

Des marins traversent le pont

Hochements de têtes

Quelques regards sur l’horizon

Pour ensuite disparaître

 

De longues heures dans nos pensées

Voguant au fil de l’imagination

Autorisant la mer à nous apprivoiser

Inondant nos yeux plissés de passion

 

Une terre se dessine

Le voyage prend fin

Un autre s’immisce

Et nourrit ma faim.

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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 22:20

Des lignes se dessinaient à l’horizon, elles s’amplifiaient et se précisaient.

Un long chemin dirigeait mes pas, ruminant mes idées, je restais las.

Une rocaille fière se dressait face à moi, quelques herbes maigres frétillaient.

Deux oreilles se dressèrent soudain.

Je m’approchais, voutant le dos, allégeant ma démarche, insonorisant mes gestes.

Il me fixa, un air hébété, se demandant ce que j’étais.

Je le fixais en retour, et lui souriais.

Il fut effrayé et déguerpis aussitôt, sautillant de droite, de gauche, indécis, puis disparu.

Je me demandais à quoi je ressemblais.

Mon sourire est-il si noir ? Mes yeux plissés si angoissant ?

Je regardais la houle de nouveau, les lignes déferlaient maintenant, à grand fracas dans la roche.

L’écume volait, planait, disparaissait.

J’enviais ces tâches éphémères, j’enviais leur légèreté, leur insouciance.

Je m’approchais de la falaise, contemplais, me régalais, les flocons tournoyais, m’enlaçais.

Puis je m’élançais.

Le vol fut court, l’eau glacée, les vagues violentes.

Je reprenais conscience.

Que m’est-il arrivé ?

Je parviens à me hisser, la roche m’écorche, le vent me fouette.

Je retrouve le chemin, l’emprunte à contre-sens, deux petites oreilles surgissent et se frottent à moi.

Je m’assied, je vais en profiter.

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