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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 18:23
L-oiseau.jpg

Un oiseau est passé, chantant joyeusement.

Il me regardait, m’invitait à le suivre en planant.

Je ne vole que les jours fériés, et l’ai suivi en marchant.

Les yeux en l’air, je l’admirais.

J’ai cogné des passants, évité des accidents,

Enjambé des haies, escaladé des palissades,

Marché dans le sable, et cueilli des baies.

L’oiseau planait toujours, il m’attirait vers le ciel.

Je l’ai suivi dans son parcours, j’ai imité ses ailes.

Il a rejoint l’océan, a disparu dans le néant.

Le vent m’a caressé doucement,

Le visage, les cheveux,

Je l’ai aspiré en souriant.

Je n’ai plus bougé.

Il reviendra,

C’est ici que je l’attendrais.

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 16:36
Burma1.jpg
Dans cet endroit improbable, les coques envahissent l’espace. Et attendant que le temps passe, ils calfatent et colmatent dans le sable.

Puis, ils embarquent, des mois durant, se laissant porter par les courants. Ils prennent soin de leurs lignes et descendent dans les profondeurs sans conscience de la peur.

Leur vie itinérante les mènent d’île en île. De simples cabanes de bois se dressent sur les plages.

Certains s’y allongent pour un ultime repos.

Les enfants ne s’étonnent pas de ces crânes abandonnés au bord de l’eau,

regardant à jamais notre univers impalpable et mystérieux.

Quelques sourires échangés, une joie de vivre partagée, je m’en retourne à ma société.

L’ais-je vraiment décidé ?

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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 08:02

La terre avait disparue de l’horizon depuis longtemps. Nous avions des milliers de milles à parcourir, l’océan courait loin devant les étraves. Les quarts se succédaient, chacun s’acclimatait au rythme de la vie en mer.

Cette nuit-là, l’alarme hurla sous une pluie torrentielle. Le ciel noir et bas grondait furieusement. Il se déchirait de stries aveuglantes laissant apparaître de gigantesques montagnes liquides malmenant le navire.

L’équipage sur le pont se concentrait sur cette tache étrange qu’affichait le radar. Une tache immobile. Une île aurait dessiné ce reflet, et elle se trouvait à quelques encablures de la proue. Aucune lumière visible, pas même un semblant de forme ne se profilait dans l’épaisseur oppressante de la nuit.

Une agitation incontrôlée s’empara du capitaine qui envoya violemment la barre sur tribord. Il criait des instructions que chacun exécutait l’estomac révulsé d’angoisse.

La forme perça l’obscurité. Le flanc bâbord s’écorcha avec fracas sur cette masse non identifiée. Il nous sembla voir une myriade de petits yeux rouges nous fixant avec insistance, alors que le bâtiment longeait l’objet.

Et soudain, plus rien. Les vagues et l’écume vinrent remplacer l’OFNI, la furie du ciel n’éclairait que la nuit, le radar se mua dans un silence inquiétant, nous restions tous les bras ballants

Personne n’osa quitter le pont, Personne n’osa prononcer un mot. Le bateau continua de filer vers le jour qui finirait par se lever. La lumière nous fit découvrir des morceaux de griffes, de dents, de roches, incrustés dans la coque. Le capitaine nous ordonna de ne jamais prononcer mot de cette rencontre.

Savait-il ce qui nous menaçait ? Etait-ce sa baleine blanche ? Le saurais-je un jour ?

Je ne crois pas. Certain mystère le reste. Je tente de cloisonner mon souvenir. Je tente de verrouiller ma mémoire. Peut-être, un jour, pourrais-je de nouveau naviguer dans le noir.

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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 10:07

Quelques jours déjà que nous sommes ballotés par les flots. Jour, Nuit, le temps n’a plus d’importance. Tout s’enchaîne, rythmé par des heures de veilles si semblables et pourtant si différentes.

Les jours de tempête nous arrondissent le dos, développent la patience et le respect.

La pétole nous déshabille

Redessine le sourire sur les visages

L’alcool se distille

Redonne vie aux bavardages.

Nous n’étions plus certains de l’existence d’une terre. Tant d’eau alentour finit par noyer le cerveau. Mais le paradis est apparu, les yeux émerveillés, est-ce un mirage ? Et l’odeur terrestre qui confirme le regard. Il ya des épices, il y a de la chaleur, les couleurs s’enrichissent, d’un éventail de fleurs, je voudrais ralentir le temps et m’enivrer de ce moment.

C’est donc vrai. Il est des terres dont la beauté est une dépendance, dont la richesse est abondante. Je ne veux pas de sevrage mais en demande davantage. 
Tonga.jpg

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 21:02

Tel un vagabond sur le plancher des vaches

Je n’ai pu m’empêcher de contempler la mer

Le nez au vent, m’enivrant de son air

M’est apparu l’absurdité de la marche

 

Les mouvements du vaisseau m’ont envahi

Le vol des oiseaux me semblait infini

L’écume m’adressait un message

Me rappelant comme on doit être sage

 

Cette puissance qui lèche le rivage

Cette puissance qui a tant de visages

De manière anarchique ou régulière

Dans mon cœur tu restes la première

 

J’ai détourné les yeux

Tant de beauté m’émeut

Je veux glisser de nouveau

Laisser à terre tous mes maux

Mes larmes ne cessent de couler

Lorsque loin de toi, je tente d’avancer
Retour.jpg 

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 13:06

Ce petit poisson aimait déployer ses ailes. Il prenait son élan, et d’un coup de queue savant, pénétrait l’atmosphère.

Il contemplait son univers. Vu d’en haut, c’était magnifique !

Les murailles de son royaume changeaient sans cesse, parfois montagneuses et sombres, ou encore sereines et douces, changeant de couleurs et de visages.

Ses vols étaient toujours plus longs, toujours plus hauts, lui procurant toujours plus de plaisir.

Il n’avait plus besoin de regarder, pouvait sentir les ondulations et régulait son vol en fonction.

Ce jour-là, il voulait se surpasser, connaître l’adrénaline et le vertige.

Il n’avait jamais nagé si vite, il battait des nageoires à en perdre haleine. Et du haut d’une vague, il s’élança aussi fort qu’il le put dans les airs.

Ce n’était pas son jour de chance.

Un gigantesque tas de ferraille se trouvait à quelques mètres de sa piste de décollage.

Il y eut un petit bruit visqueux : Splooooccchhhhh !!!!

On dit que son esprit continu de survoler les limites de son royaume.

Son corps, arrivé à Singapour, empesta la brosse qui l’arracha de son sang séché.

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 13:05

L’océan pour moi est une grande dame et c’est donc au féminin que je m’adresse à lui :

Je t’ai vu calme, limpide et brillante.

Je t’ai vu furieuse, houleuse et blanche.

Tu m’as nourri, me laissant puiser en ton sein.

Tu m’as épanoui de ta tendresse et tes sautes d’humeur.

Tu as permis à mon regard de se surpasser, de voir au-delà de mes œillères.

Tu m’as émerveillé de ta richesse colorée,

Tu m’as effrayé de ta population sauvage,

Mais tu m’as toujours fait rêver.

Tu m’as accepté, m’autorisant à te découvrir,

Je peux comprendre tes excès et m’incline face à ce caractère.

J’ai voulu faire mon chemin loin de toi.

J’ai cru que la terre saurait m’enthousiasmer.

J’ai cru que la terre me comblerait comme tu l’as fait.

Je me suis trompé.

Ton souffle me manque,

Tes sourires me semblent si loin,

Et j’aime ta façon de me surprendre.

La poussière ici m’asphyxie,

Accepterais-tu que je change d’avis ?

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 13:03

Je me suis levé cette nuit-là. J’ai cherché les chambres des filles. Je voulais contempler leurs visages calmes, abandonnées à un sommeil profond et serein.

Je n’ai entendu que le ronflement de tous ces marins. Les craquements violents de la coque sur une mer déchaînée complétaient cet orchestre rustre dénué de sensibilité.

J’ai erré, hagard, titubant dans les coursives.

L’heure de mon quart sonna. Je m’équipais, sortais sur le pont. Le grain se dissipa.

Un milliard d’étoiles me regardaient, radieuses et étincelantes.

Je me mis à sourire.

Ces étoiles sont lointaines et solitaires me dis-je.

Moi, j’en ai qui m’appartiennent, que je chéris, et qui brillent plus que toutes celles-ci réunies.

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 13:02

Certaines ficelles courent sur le pont, inertes. D’autres suspendues balancent nonchalamment, entrainées par les mouvements irréguliers du navire.

Quelques jours auparavant, alors que de sombres grains se succédaient, je les ai senties vivantes.

Elles craquaient et battaient violemment, fouettées par de puissantes bourrasques. Elles vivaient et se sentaient utiles. Elles communiquaient avec l’équipage et retentissaient sous l’effort exercé. Elles étaient tendues et affichaient avec fierté leur robustesse.

L’une d’entre elles a rendu l’âme. Son usure délaissée lui a retiré la vie. Dans une détonation hurlante, elle s’est déchiquetée. Une partie d’elle-même, raide comme la mort qui venait de l’emporter, resta pendue, abandonnée.

Je peux sentir sa douleur et son désarroi. Nous n’avons pas pris soin d’elle, nous l’avons laissée glisser vers sa perte.

Tant de milles parcourus, une lutte incessante contre les éléments, jamais je ne l’ai entendue se plaindre. Et pour récompense, cette main qui négligemment l’abandonne au reste des détritus…
First-Ciliam-014.jpg 

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 15:52

Nous souhaitions le Nord et le vent nous pousse au Sud.
Qu'à cela ne tienne, voguons vers le soleil.
Le bateau commence à planer. L’océan, sous les coques, s'éloigne.
Les étoiles se rapprochent, un ciel noir nous envahit.

Nous l'avons atteint, ce silence absolu.
Plus rien ne bouge et tout est étincelant.
Un champ de lucioles à perte de vue.
Une planète bleu, somme toute si dérisoire.
Cette agitation inutile que nous avons connue
Mon Dieu ! Comment ai-je pu y croire ?

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