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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 15:59

Orangeraie.jpg

L’orangeraie a surgi de nulle part, un vert éclatant dans un décor de bitume pâle. Les fruits exhibaient leur robe étincelante en narguant la morosité des bâtisses autour. Quelques balcons cependant, d’un blanc lumineux tentaient la concurrence, ils me faisaient sourire les pauvres.

En m’approchant, je ne comptais plus que deux oranges, l’une ayant une hernie moisie et l’autre quelques trous sombres et peu attrayant. Je salivais pourtant et Il me fallait faire un choix. L’idée d’une explosion de vitamines et de jus frais sur le palais me titillait les neurones. Je me décidais pour l’orange à la blancheur nauséabonde. Mon doigt pénétra instantanément la puanteur visqueuse de la moisissure. Un haut le cœur me souleva l’estomac et je lâchais prise. En tombant, l’objet de ma convoitise explosa dans un bruit sourd désagréable, humidifiant mes souliers de pulpes passées. Je pris mes jambes à mon cou, je voulais fuir cette horreur, mais la senteur me collait aux basques. Je me déchaussais, jetais les serpillères en guise de chaussette et continuais ma course.

Un bruit étrange, je levais les yeux vers le ciel, un violent coup sur le crâne me mit à terre. La pastèque avait été l’arme de dispute dans l’appartement  et son vol éphémère me choisi comme piste d’atterrissage. Quand je recouvrais mes esprits, des fruits de toutes origines m’encerclaient, ils étaient pourris, puant, des vers en sortaient comme des crochets d’ardoise sur un toit breton et me rampaient sur le corps. Incapable de bouger le moindre membre, je tentais de crier mais suffoquais et tournais de l’œil.

Je n’ai jamais su s’il s’agissait d’un rêve, d’une histoire vécue, d’un trip porté par les drogues mais je n’ai jamais retrouvé l’orangeraie et chaque fruit qui m’est présenté voit mon estomac se révulser et je détale à toute jambe.

Je coure donc régulièrement, sans but, simplement pour m’éloigner et une grande peur me dévore, celle d’atteindre le bout du monde et me jeter dans un néant infini.

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 15:57

Le livre prétentieux me regarde de mille pages pimbêches. La couverture luisante et cornée exprime une fierté non dissimulée qui me met en rage. Il semble se vanter d’être lu et apprécié de la grande majorité ; s’il savait ce que j’en pense …

Je sais aujourd’hui que l’on peut être majeur et stupide et les jeunes êtres prouvent que la naïveté est encore une belle vertu. Mais l’humain dans son infini bonté se rie de leur émerveillement. Il est de bon ton d’être blasé, de voté, non par conviction, mais par soucis d’éviter tout tsunami d’actualité dormant par vingt mille mètres de fond d’ignorance.

Le monde a mis à feu et à sang les quelques peuples encore doués de bonheur. Le monde a anesthésié leurs cœurs et leurs désirs en les droguant d’ineffables stupidités.

Mais je m’égare et ce livre, je le finirai. J’en brûlerai ensuite chaque page, une à une, et suspendrai sa couverture cornée et vide au regard de chacun, sur le place de l’hôtel de ville où la majorité aime à se masturber.

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 16:03

Porte

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 16:00

Le pendule se dandine. Il me nargue, me fixe mais ne soutient pas mon regard, fuyant de droite et de gauche. Il change d’avis sans cesse. Dans son mouvement perpétuel, il s’adresse à qui le regarde et suce le fluide vital de chacun d’entre nous.

Chaque tour d’aiguille voit disparaître un humain, chaque tour nous enfonce plus dans notre condition prédéfinie et déprimante.

Le Tic-tiac sordide me dessine des rides sur la peau, des rides d’incompréhension, des rides d’impuissance.

Je le regarde à mon tour, et du bout du doigt aboli son mouvement … Est-ce aussi simple ?

Pourtant ma peau continu de flétrir, mes gestes de perdre leur habileté.

Je m’en empare alors, le toise droit dans les aiguilles et le projette violemment contre le mur. Il s’éparpille !

Alors que je me détourne satisfait, un tic-tac plus puissant encore me démange la voûte crânienne. J’ai beau secouer, cogner, le pendule me nargue.

Je cours à toute jambe, tête en avant, la façade de granit là-bas, devrait avoir raison de lui.

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 12:09

Le jeune Chris porte un short court, des chaussettes blanches lui remontant sous les genoux, de vieilles godiots qu’il a usé à courir à travers champs, à grimper aux arbres. Sa chemise trop grande pend sur ses cuisses mais il l’aime, elle appartenait à son père, tout un symbole que de la porter. Sa mère l’a envoyé chercher le pain ce matin et les pièces, dans sa poche, émettent une mélodie cacophonique en réponse à son sautillement joyeux.

Il tourne le coin de la rue et se trouve face à deux hommes. Il arrête de siffler et sautiller et reste médusé un instant. Les deux hommes sortent de la banque, l’un derrière l’autre. Le premier à sortir a du sang qui lui coule du nez et penche la tête arborant une grimace de panique. Un pistolet est pointé sur sa tempe. L’homme qui le tient est énervé et pressé, il hurle des ordres à travers un filet noir qui lui couvre le visage. Le jeune le reconnaît pourtant, c’est Gérard, le fils de son voisin fermier.

-Qu’est-ce tu fais Gérard ? demande le jeune

-Ne prononces pas mon nom, je ne suis pas Gérard, files de là, c’est une affaire de grand !

Les grands, Chris peine à les comprendre, à comprendre ce qui régit leurs actes. Gérard est généralement avachi dans une botte de foin à attendre que le temps passe. Et il raconte beaucoup d’histoires de gangsters à Chris, des braquages de banques, des demandes de rançons. Il lui explique la liberté euphorique que ressentent les malfrats en cavale. Il lui dit que son jour viendra, qu’il sera riche et intouchable et que si Chris le souhaite, il l’emmènera avec lui.

-J’ai de l’argent, dit Chris, des pièces toutes neuves que Maman m’a donné. Si tu m’emmène, je partage avec toi.

-Files je te dis, je ne suis pas celui que tu crois.

Gérard regarde le gamin à ce moment et ne voit pas venir le troisième homme derrière lui. Un coup de clé à mollette sur le crâne lui fait lâcher son arme. En tombant, le coup fuse et la chemise du Père change de couleur. Les yeux tétanisés de Gérard s’humidifient. Il courre vers le jeune et lui prend la tête dans ses mains. Chris a du mal à parler. Il sort les pièces de sa poche et les donne à Gérard :

-Sauves-toi lui dit-il, tu pourras acheter du pain pour manger, tu es Jack l’arnaque et je suis Bud celui dans tes histoires qui reste sur le trottoir et regarde le ciel en souriant. Ils vont s’occuper de moi, c’est ta chance !

Jack part en courant alors que les quelques badots présents se ruent sur Bud. Il regarde le ciel. Les nuages dessinent des papillons et des iles blanches éparses sur l’immensité bleue. Bud sourit en écoutant les pas fuyant de Jack.

La blessure n’est que superficielle, quelques jours chez le docteur Gélaud suffisent à le remettre sur pieds. Le docteur lui explique que le voleur est maintenant sous les verrous, qu’il s’agit de Gérard, qu’il ne faut pas s’inquiéter. Parfois les adultes ont des réactions étranges mais plus rien ne pourra lui arriver. La larme à l’œil, Chris rentre chez lui accroché à la main de sa maman. Il trouve un paquet à son nom. Un gros pain de campagne sur lequel un mot est écrit. « Je ne comprends pas plus les grands que toi, peut-être parce que je n’ai jamais arrêté de rêver. Je viendrai te chercher, Merci Bud ! Jack »

Allongé dans la botte de foin, Bud imagine sa vie en cavale en regardant le ciel noircir à l’approche de la tempête.

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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 08:24

Le saule pleure,

De larges gouttes de sève perlent des extrémités tristes,

Un vol rectiligne, éphémère, happé par l’asphalte.

Elles percutent et se disséminent sur un bitume sale et malodorant.

Des pas résonnent,

Une semelle pressée piétine la flaque, l’emporte avec elle.

Le marbre lisse, immaculé d’une banque accueille un bruit de sussions qui traverse le hall.

Les regards propres se tournent et s’abaissent.

Quelques marques, ici et là, luisent sous les néons glauques d’un monde artificiel.

Le saule pleure,

Pleure son liquide de vie,

Un liquide égaré dans un Hamas de béton sans joie.

Il pleure son abandon dans le monde absurde des humains guindés.

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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 11:35

Sans-idee.jpg

Verres qui claquent et discussions murmurées,

Des regards errent, se croisent et s’échappent,

Des vrombissements dérangent,

Le soleil illumine ma page, me chauffe la main et dessine des sourires.

C’est mieux que des pleures,

Et pourtant mon âme reste silencieuse et tournée vers elle-même.

Contemplation des oiseaux qui, eux, ne se soucient pas du brouhaha humain.

A toute époque, ils planent, admirent et se laissent admirer, rigolant parfois, inaudible piaillement, de la triste condition humaine, clouée au sol, ressassant des pensées métaphysiques, se délectant des nouveautés technologiques, oubliant trop ce que chacun peut offrir, et oubliant jusqu’à leur présence.

Le bistrot est bondé,

Chacun parle,

Personne n’écoute.

L’un se bat pour offrir la tournée,

L’autre, les yeux rivés au sol, ignore le bout de papier.

Seul à se battre, combat intérieur, combat égoïste et silencieux, silence relatif,

L’un est  bruyant et pourtant inaudible, un autre silencieux fait un boucan du diable.

Je souhaite de la musique mais hésite encore entre Metallica, Satie ou le chant des baleines.

Mes oreilles sont agressées des nuisances sonores alentour.

J’ai vu un point ce matin, loin à l’horizon, un point que seuls mes yeux distinguaient.

Il se faisait balloter par la houle et caresser par le vent.

Je pars à sa rencontre,

Peut-être le saluerai-je en passant, j’aviserai.

Je ne voudrais pas entamer d’insolvables discussions,

Courir le risque de parler dans le vide,

Ou de hocher de la tête à ce que je n’entends pas.

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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 18:31

Chantier.jpg

 

Entouré de murs abrupts, agressifs et sombres, j’étouffe. Ma peau se teinte du gris dominant alors je fuis, je cours, je m’évade.

Les immeubles se font plus rares, la verdure prend doucement le dessus. Je continue, je veux faire disparaître toute trace de béton.

Une étendue d’herbe s’étale maintenant, elle scintille,  chahutée par un vent doux à l’odeur végétale. Je m’y allonge, je respire, je perçois des particules que je ne connaissais pas, des odeurs variées, rafraîchissantes, enivrantes. Des insectes virevoltent, des chants d’oiseaux retentissent, des animaux rampants caressent la terre vigoureuse, et de gros animaux noirs et blancs se nourrissent du vert alentour.

Je m’en approche précipitamment et glisse sur une motte flasque maronnâtes à l’odeur insupportable. Je m’étale de tout mon long, panique, prends appui sur mes mains qui glissent à leur tour, me relève brusquement et me constate couvert de cette matière qui me révulse l’estomac.

Vexé, je m’en retourne à mon urbanisme. Tous les regards convergent sur moi, des regards dégoutés, repoussant. Je tente de les ignorer.

Ma femme me demande d’où je viens et quelle est cette odeur terrible dont je suis envouté.

Je lui réponds que j’ai cru que la pollution nous pourrissait la vie, j’ai cru que les humains m’écrasaient. J’ai voulu voir la terre présentée dans les livres… Tous ces livres ne sont que mensonges et jamais plus je ne poserai les pieds ailleurs que sur les pavés déjà polis de ma ville.

J’ai tout de même acheté une grande affiche représentant une vaste plaine fleurie survolée par des papillons multicolores. Je l’ai accroché au mur gris, mais chaque fois que je la regarde, mes narines sont agressées d’un souvenir nauséeux.

Je l’ai donc brulé et me suis allongé sur le bitume.

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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 15:25

Paris-Zai.jpg

 

Lentement, les yeux à l’affut, mes pieds se posent l’un devant l’autre, usant les pavés, embrassant des années d’histoires, de joie, d’agressions, d’embrassades.

Le monde file autour, il se rue et se précipite.

Des discussions enjouées me dépassent.

Des pas pressés me croisent.

Des sourires marchent et des visages mornes boitent.

La vie coule dans les rues chaotiques, semblable au torrent glissant sur de rochers lisses et polis par la régularité d’une eau claire et décidée.

Je me laisse porter, un voyage de paroles, d’humanité, rythmé par des ronronnements de machines. Des machines transportant d’autres vies, d’autres mystères, d’autres quêtes vaines pour l’ensemble et pourtant si importantes pour l’individu.

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 21:22

Bolivia1-copie-2.jpg

 

Au détour d'une montagne colorée qui me voilait la face,

Un foisonnement de beauté a émergé.

Des années que je regarde la Mer,

Et hier, enfin, j'ai levé les yeux.

Un spectacle grandiose a surgit,

Dénudé et simple,

Honnête et sauvage.

Je m'en suis imprégné, l'ai inhalé,

J'ai versé des larmes d'impuissance.

Puis je l'ai emporté contre mon coeur,

Je vais le méditer.

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