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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 19:12
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Mais pourquoi ? Tout paraissait si simple, la route s’étalait devant nous, vide, cette ligne jaune à perte de vue, traversant rochers abruptes. Une vie discrète était abrité autour, nous n’avions quà traverser le sourire aux lèvres, le cœur léger, notre but nous ouvrait les bras. Un renard traversa la route, fléchis sur ses pates, la queue frôlant le bitume, je n’ai rien pu faire. La voiture se mit à zigzaguer, puis enchaîna une série de tonneaux pour s’immobiliser les quatre roues en l’air.

L’hostilité de ce désert me sauta alors au visage, le soleil cognait. Nous n’étions plus protégés de notre carriole et la vie autour m’apparut soudain terrifiante, rampante et dangereuse. Aucune solution ne se formulait, tout reposait sur le passage éventuel d’autres humains ayant décidés d’emprunter le même chemin. Quelques minutes auparavant, je me sentais libre, heureux et voilà que tout était noir, sans échappatoire. Mes mots n’apaisaient pas ma compagne, différentes douleurs la lançaient, la panique l’envahissait. J’avais beau positiver, chercher de l’optimisme, notre situation était bel et bien tankée à des kilomètres de toute civilisation.

A l’approche de la nuit, le ciel changea, l’atmosphère se raréfia, il se mit à neiger. Les scorpions, serpents et lézards semblaient déconcertés et se déplaçaient étrangement. Nous étions là, debout, appuyés sur le véhicule, le noir s’abattit sur nous.

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 20:08

Bill, mon pote Bill m’a demandé un service. Ce saligot décolle demain pour des plages blanches sur une mer turquoise, légèrement ombragé de quelques palmiers tordus surplombant l’océan. Il avait commandé une cuisine toute équipée, au moins 5 mois auparavant mais bien entendu, la livraison n’a cessé d’être décalée pour finalement être prévue durant son absence. En bon copain SDF, je me suis sacrifié pour accueillir les hommes jaunes et bleus et inspecter l’avancé des travaux. Le rendez-vous étant de bonne heure, je décidais de m’installer la veille au soir sur les lieux afin de sommeiller le plus tard possible.

Parvenir à l’appartement fut un véritable parcours du combattant. Mélanger fête de noël et vacances implique un arrêt quasi-total de la SNCF, du RER, les bus, n’en parlons pas et pour pimenter le tout, deux jours que de la neige ne cesse de tomber, pourrissant l’humeur des chauffeurs de taxi habituellement si aimable, stressant tout un chacun au volant de son véhicule, même les piétons, dont la grande majorité avaient le cul détrempé pour cause de chutes intempestives , marchaient au ralenti. Deux heures et demi pour avaler les quatre kilomètres me séparant de son domicile, mon moral au plus bas, les dents serrées, près à emplâtrer la moindre personne me regardant d’un air suspect. D’ailleurs, un chien m’a touché la jambe, déclenchant un coup de pied violent et apaisant, le pauvre vola contre le mur pour s’étaler au sol puis détaler la queue entre les jambes dans un « kaï kaï kaï !! ». Une satisfaction intense me traversa. J’entrais un peu calmé dans l’immeuble.

Arrivé devant la porte et armé des clés, j’entrepris de l’ouvrir. Je ne fus qu’à moitié surpris que celles-ci ne rentrent pas dans la serrure, c’était une suite logique à ce trajet absurde. Mes nerfs me firent tambouriner la porte de désespoir. Un cliquetis retentit et un homme tout débraillé ouvrit, me laissant pantois, j’eus le temps d’apercevoir deux femmes dans le fond avant de demander :

-Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?

-Pas celui que vous cherchez, laissez nous tranquille !

Et il me claqua la porte au nez.

Mon sang encore chaud se mit à bouillir, la chaleur me monta au visage et mon poignet accabla de nouveau le battant avec fureur. A peine le portillon ouvert, je sautais sur mon hôte et l’assommait sans mal. J’expulsais les deux femmes avec virulence et inspectais les lieux. Je trouvais les vêtements de l’homme, visiblement employé de IKEA, mon téléphone m’annonçait l’entrée d’un SMS : « oublié de te dire, finalement laissé des clés à IKEA, pas besoin de te déplacer, bises, Bill »

Rien à dire, Ikea est en avance sur son temps !

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 19:49
Cet Arbre, je ne me lasse pas de le regarder. La première fois que je l’ai vu, je le dépassais, il semblait si  frêle, si fragile. Nous l’avions protégé d’une grille pour l’isoler de tout animal malveillant. Il dépendait de notre attention. J’étais fier de veiller sur lui, lui donner mon amour, penser à lui, l’imaginant touchant un jour les nuages de la pointe de ses branches tendues vers le ciel.

Puis mon chemin m’a éloigné de ce tronc fin sans expérience. Chacun de nous a laissé le temps glisser, défiler, je l’ai toujours gardé dans mon cœur et je suis sûre que lui a fait de même. Je regardais la lune persuadé que ses extrémités la caressaient tendrement en pensant à moi. J’admirais un coucher de soleil d’automne en visualisant le reflet indien sur ses feuilles. Je parlais à d’autres arbres semblables, leur demandant s’ils étaient de la même famille, s’ils avaient des nouvelles de lui.

J’ai reçu, des années plus tard, une photo de lui, mon cœur a vibré. Il était resplendissant, plein de vie, protégeait a son tour une multitude d’animaux en tout genre. On pouvait toucher le ciel depuis sa cime. Il était présent et aguerri.

Lorsque je décidais que le moment était venu de nous retrouver, je parcouru cette gigantesque distance qui nous séparait. Mon excitation montait à mesure que les kilomètres entre lui et moi s’amenuisaient.

Quelle stupeur !! Le jardin avait brulé emportant dans sa fumée chacune des branches autrefois si riches et vivantes. Je ne découvris qu’un tronc creux, noir, triste et irrégulier, ses racines pourtant toujours profondément accrochées.

J’ai construit ma maison autour et ne me lasse pas de le regarder. J’ai recommencé la chasse aux animaux malveillants … Pourquoi ne suis-je pas resté auprès de lui ? J’ai trop mal de le voir ainsi.

Il fallait en finir, il m’empêchait de vivre une autre vie. Soulevant ma hache avec fermeté, j’aperçu un petit bourgeon qui me regardait avec dignité.

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 23:09

IMG_0113-Modifier.jpgLa neige est enfin tombée !

La France était à deux doigts de s’arrêter, camion en vrac dans le fossé, véhicule glissant allégrement pour venir embrasser d’autres carcasses, les visages ahuris, « je comprends pas, j’ai pourtant freiné…mais j’ai continué a avancer !! » Eh oui mon ami, c’est ça le froid et la neige, la route se transforme en patinoire, il est nécessaire d’adapter ses reflexes… laisses tomber va , c’est pas grave, ce n’est que de la tôle un peu froissée, quelques heures de perdues et de belles histoires a raconter ce soir a l’apéro .

A propos d’histoire, tu connais celle de Régis qui décide de pousser sa voiture au maximum un matin tout givré et blanc ? Moi non plus mais je n’ai pas le sentiment qu’elle finisse bien. Noel approche, Mickey dance toujours, Chantal Goya fait un come back, tout le monde veut être joyeux, sauf grincheux qui est incorrigible mais je l’aime bien, je vais prendre son parti et en bon français aller pester un peu sur les malheurs de la vie dans l’hexagone, peut-être quelqu’un me racontera-t-il l’histoire de Régis.

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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 22:32

15 minutes pour écrire, écouter ce qui se passe dans son cerveau, dans son corps, mais être également attentif au son extérieur, aux lumières changeantes autour. Le soleil qui décline et commence à offrir ce balai de couleur à travers le ciel et sur cet océan calme et serein. Les enfants qui continuent de crier, sauter, courir, se disputer, s’arracher les jouets : suila est amoi ! Non cé le mien !

Cette moto qui passe en trombe sur le remblai, deux personnes, tout de noir habillées, d’où viennent-elles, n’est-ce pas une alarme que l’on entend au loin ? Ces deux motards auraient-ils commis un délit quelconque ? En effet, c’est au tour de la police de passer dans un crissement de pneu. Je les envie ces deux fuyards, l’adrénaline en ébullition, le butin serré fort, le cerveau qui tourne à 200 : où se planquer ? Ne pas planter la bécane, on doit y arriver !!

Puis c’est au tour de ce vieux couple de traverser la rue, main dans la main, les yeux rivés sur le spectacle que la nature leur offre. Ils viennent pour la promenade du soir, celle qui dégourdi les jambes et empli l’esprit d’air frais et serein, les yeux pétillants de cette habitude qu’ils se sont forgés.

Il y a bien un ou deux adolescents qui les regardent le sourire aux lèvres mais le passage express des hors-la-loi rattrape vite leurs discussions, animée de grands gestes simulant braquages et conduites effrénées.

Je rassemble tout mon petit monde, la route est encore longue, les années d’école à venir, la découverte de chaque instant, les voyages à venir, les nouvelles rencontres à faire, tout un univers d’idées et d’individus qui se présente à ces petits yeux émerveillés et avide de savoir.

Pour l’heure, c’est une autre habitude qui se prépare, le rituel du soir, je remonte dans le métro, ce n’est qu’un train d’idées qui  m’est passé sous les yeux, je l’ai contemplé sans vraiment le voir. Cette fois, je prends place, pas sur un strapontin, mais une vraie place assise, la dernière du wagon. Une vieille femme monte alors que retenti l’alarme des portes automatiques. Je me lève et lui cède ma place, pourquoi n’a-t-elle pas raté cette rame ? Tant pis, je resterai debout, paraît qu’on a une meilleure vision du monde ainsi.

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 09:54
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Quai de seine, vu imprenable sur Notre-Dame, un pont protège du crachin parisien qui trempe les os. C’est son toit, le lieu où s’élève sa maison de carton, dépourvue de fondations.

L’autre est un jeune plein d’ambition, à qui tout à réussi jusqu’à aujourd’hui. Mais voilà quelques temps déjà que sa vie dégringole, et ce soir, c’est à ce clochard qu’il se révèle. Besoin de se confier, de s’apitoyer sur la perte de sa bien-aimée, de pleurer ce poste qu’il ne saura garder, de se remémorer les dures épreuves du passé, il ne s’arrête plus de parler.

Le vagabond lui prête ses oreilles, sirotant le Bourbon que le déprimé à apporter. A mi-bouteille, il lève la tête et peine à articuler :

Bah oui ! C’est pour ça que je suis là .

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 00:00
 
Deux grands êtres barbus, vêtus de longues robes incolores sont assis face à face. Une sphère à dominante bleu entre eux. Ils prononcent à tour de rôle des séries de nombres et lettres que nous autres terriens appelons communément Latitude et Longitude.

C’est à coup de virus, de météorites, d’incendies, de sècheresses, de tsunamis, et j’en passe que se joue cette gigantesque bataille planétaire.

Quand va-t-on entendre gronder : Coulé !!

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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 00:00
En ballade dans une forêt mi-antique mi-savane, j'aperçois un animal étrange.

En effet, son corps est digne des grands prédateurs, musclé, puissant. Fait bizarre, il vole et ne peut se nourrir que de vers avec ce bec ridicule...

-D'où viens-tu animal ? Les hiéracocéphales ne vivent qu'en Egypte et les griffons ne sont que légende disparue depuis des siècles.

-Détrompes toi jeune explorateur, tu me vois tel que je suis, dominant la forêt, aussi bien à la cime des arbres qu’à terre où chacun me craint.

-Ne me fait pas rire, ce n'est pas avec ce bec à limace que tu impressionnes qui que ce soit

-Mes griffes sont redoutables, je peux t'arracher le cœur avant même que tu ne t'en rendes compte

-Je suis armé, ne l'oublies pas, je peux t'abattre d'un clic sur la branche de n'importe quel arbre de ce lieu, dis-moi de quel légende tu t'es échappé.

La bête magnifique baissa la tête et bredouilla dans un sanglot :

-Maman Faucon s'était aventurée un peu bas en quête de nourriture lorsque Papa Lion perturbé par certains champignons lui sauta dessus...bref, me voila.

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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 10:38

Petits, nous aimions courir a travers champs, armé de légères épuisettes et capturer pour un temps ces petits insectes aux multiples couleurs. Savoir qu’ils n’avaient que quelques heures à vivre les rendait fascinants et merveilleux. Nous aimions tant les admirer, galloper et sauter tandis qu’ils volaient.

Puis j’ai grandis et j’en ai vu sous verre, transpercé d’une aiguille, immobiles, impotents, figés, les rendant semblables aux pauvres albatros de Baudelaire…

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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 00:00

Assis sur la chaise à bascule qu’il aimait tant, il contemplait cette matinée de printemps calme et douce, la vie qui reprenait le dessus après ces mois d’hiver rudes et blancs.

Ses jambes ne lui permettaient plus de se déplacer à sa guise, il avait besoin d’assistance. Ses bras avaient perdu la vigueur d’antan, la puissance qu’ils déployaient à l’époque. Ses yeux lui jouaient des tours, aussi sa contemplation était aidée de son ouïe, qui faiblissait lentement. Il sentait que la fin était proche et se surprit à étudier sa vie passée.

Il avait commis quantité d’erreurs, qu’il s’était toujours appliqué à réparer. Il laissait généralement un souvenir noble et digne sur son passage. Il n’avait reçu que très peu d’aide au cours de son existence mais avait contribué à nombre de réussites dont chacun lui était reconnaissant. Il avait aimé et haït, avait été excité et las mais n’avait jamais totalement baissé les bras. Une lueur constante éclairait son regard. Tous ses souvenirs étaient doux et il ne regrettait aucun de ses actes.

Il resta longtemps absorbé par ses mémoires. Les jours s’écoulèrent jusqu’à ce que le téléphone sonne. C’était son fils. Il lui annonçait la venue au monde de son petit-fils qui avait reçu le même nom que lui. Un nourrisson costaud, plein de vie et qui avait, parait-il, sourit à la naissance… Il était comblé.

Il raccrocha et se sentit partir. Il ferma les yeux et ce fut la dernière fois.

Les personnes qui le découvrirent affirment que son visage arborait un sourire de bien-être.  

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