L’ homme courait, courait, infatiguable. Il avait toujours couru, là était son unique activité. Il avait déjà traversé la France, en long, en large, en diagonale. Il commençait à réfléchir à d’autres destinations, à commencer par l’Europe mais avait des vues sur d’autres continents.
Quelqu’un lui demanda un jour pourquoi il courait ainsi. Il n’était pas clair à l’époque et proposa une réponse évasive, « ça me fait du bien, j’en ai besoin ». Et passa son chemin.
Il n’avait jamais travaillé à proprement parlé. Il était en perpétuel recherche du rythme parfait, que l’effort ne se fasse plus ressentir, que ses jambes le transportent sans avoir besoin d’y réfléchir, que son cœur adopte un battement régulier, ni trop lent, ni trop rapide, mais juste.
Il se dit un jour que seule la mort pourrait l’arrêter, que chaque jour que la vie lui offrirait, il continuerait de courir. C’était une décision ferme. Il réalisa alors que là était sa force. L’unique talent dont il était doté était l’endurance et à ses yeux, cela représentait la crème des compétences.
Il courra donc jusqu’a ce que mort s’en suive et on dit qu’il était fier du chemin qu’il avait parcouru.