D’humeur joyeuse, je gambade et sautille, ma tête traversant parfois un nuage de papillons silencieux. Je les écoute.
Mes bonds me portent au bord de l’océan, redevenue calme et reposant. Je sens l’appel de l’eau, et suis rebuté par sa fraîcheur. Alors je marche en surface et m’extase de petites vaguelettes aux reflets multicolores. Je rejoins le rivage.
Une montagne surgit. Je devine sa base au travers d’un méandre de branches soufflées par le vent. Les feuilles chantent et des êtres microscopiques trop légers pour lutter tournoient dans un ballet lumineux.
Je me fraie un passage et traverse la montagne. Elle m’engloutie, me recrache, me propulse face à un vaste champ. Des tâches blanches, jaunes, rouges frissonnent et dégoulinent de rosée. Je prends mon élan et enjambe le tapis fleuri.
Une multitude de bêtes sauvages clignent alors de l’oreille, posent un regard sur moi, et d’un air chaloupé s’en retournent à leurs affaires.
A pas feutré, je m’insinue dans leur vie, leur parle de la pluie et du beau temps, et tente même quelques questions. Ils ne sont ni bavards, ni curieux, aussi je les laisse là et disparaît de leur monde.
Un aigle géant, magnifique, en silence m’attrape les épaules. Les jambes et les bras pendant, je contemple la terre qui s’arrondi doucement. Mais il a un mouvement brusque et lâche sa proie.
Le vent me tiraille la peau, les yeux, les cheveux. Le sol se rue sur moi à une vitesse vertigineuse. Les détails se dessinent. J’aperçois soudain une coccinelle et prends la position du fœtus, les nerfs tendus.
Aucun choc, je pénètre et traverse le globe. J’ai froid, puis chaud, et froid de nouveau. La croute terrestre explose et m’accompagne. De la terre, des insectes, des arbres, des rochers, nous filons en dansant les uns avec les autres.
Au dessus de nous, l’atmosphère ouvre une brèche, les éléments rebondissent, s’éparpillent et retombent. La brèche est pour moi, m’autorisant l’accès à l’au-delà.
